Mariage de Jacqueline 13 avril 1968

Bonjour,

A la demande générale photo au sortir de l'église,

et suite du texte de génération en génération

     Nous sommes partis dans un long cortège de voitures, tonitruant, tous klaxons dehors jusqu'à la petite église du Chesnay, quartier de Gagny. Maman avait demandé une messe de mariage. Cela m'a paru très long. Et puis il y a eu la sortie avec un grand soleil et du vent. Jacqueline était magnifique. Nous nous sommes embrassés sur le parvis, sous le jet de riz et de pétales de roses. Nous avons fait une photo et c'est la seule que nous avons de ce moment historique pour nous.

          Nous sommes repartis dans le désordre jusque chez mes parents ou plusieurs centaines de personnes sont passées dans l'après midi et la soirée pour se restaurer. Il nous a fallu racheter des pâtisseries, elle partaient plus vite que la charcuterie. La soirée m'a paru longue, J'avais hâte de me retrouver seul avec mon épouse.

          Mon témoin nous a raccompagnés et nous nous sommes embrassés puis avons profité d'une magnifique nuit de noce.

          La nuit fut courte, les copains sont venus tôt nous réveiller avec un pot de chambre contenant de la crème au chocolat et du vin blanc. Je leur ai fait une soupe à l'ognon que nous avons partagée, les bols manquaient et passaient de l'un à l'autre tous assis par terre. Nous sommes restés confinés quelques jours et avons repris notre travail.

          Contigus à la maison des jeunes, il y avait le conservatoire de musique et le conservatoire de danse classique. La professeur, ancienne danseuse et maître de ballet de chez Roland Petit m'a demandé si je pouvais amener quelques garçons prendre les cours pour pouvoir faire des couples et des ensembles. Bien entendu on a rejoint la troupe. Les assouplissements et cours de barre étaient très durs pour moi, mais avec de la persévérance on y arrive. Jacqueline nous a rejoint mais ce n'était pas ma partenaire. En mai 1968 après un grand nombre de répétitions, nous sommes allés à l'opéra de Paris présenter la danse du feu de Manuel de Falla lors d'un concours inter compagnies d'amateurs. Je m'en souviens encore. Ensuite ce fut le concours Léopold Belland ou nous avons présenté avec ma partenaire: deux petits chaussons de satin blanc.

Nous recevrons le résultat du Jury plus tard. De retours en car vers Gagny, nous étions apeurés, effrayés, des bruits et des visions. Des automobiles brûlaient, des pavés étaient érigés en barricades avec de tout dedans. Les gens hurlaient avec des drapeaux. Ils jetaient des cailloux et tout ce qui leur tombait sous la main en direction des forces de l'ordre qui les chargeaient avec des gaz lacrymogènes. il y avait beaucoup de fumée et cela prenait à la gorge . On aurait dit une scène de guerre. Le chauffeur à fait demi tour, pris des chemin de traverse et a réussi à nous amener à bon port. C'était ce que l'on appellera plus tard: MAI 68.

          En quelques jours, les ouvriers avaient rejoint les étudiants, puis les paysans et la France entière semblait bloquée. Les approvisionnements arrivaient avec difficulté mais il y avait toujours à manger. On en discutait avec les copains au café jaune, mais nous n'allions plus à Paris.  3 mai occupation de la Sorbonne, 13 mai début de la grève générale, 27 mai signature des accords de Grenelle par Georges Pompidou. en fait près de 10 millions de salariés étaient en grève. les accords de Grenelle ont permis le relèvement de 35% du SMIG et 10% sur les salaires. Le général De Gaulle disparaît  deux jours. Il revient de Baden-Baden et dissous l'assemblée nationale. C'est la première fois que nous sommes allés voter puisque majeurs tous les deux. Très large victoire des Gaullistes. En mai 68 il n'y avait pas que les Français qui étaient révoltés.

          L' ébullition est générale de chaque côté du rideau de fer. En Allemagne, Italie, États-Unis, Japon, Mexique, Brésil ainsi que la Tchécoslovaquie et la révolution culturelle en Chine. je ne m'en souvenais pas. Les grèves cessent courant juin. Le Général De Gaulle annonce un référendum pour la réforme du Sénat et la décentralisation. Il est battu avec 52.41 de non et part comme il l'avait indiqué s'il perdait. Ouf, reprise du travail puis congés payés. Nous décidons de faire enfin notre voyage de noces et d'aller à Cannes ou Jacqueline avait des amis. Nous partons en stop.

          La route sera longue. Nous prenons le train pour Meaux. Nous avons chacun un sac à dos avec le couchage, de quoi manger et boire. Moi j'ai en plus la tente deux places le matelas gonflable et certains accessoires. nous commençons le stop pour Fontainebleau. Là l'attente est assez longue pour aller en direction d'Auxerre. Quelque fois seulement 10 ou 20 kms. Nous sommes montés dans une camionnette avec des gens du voyage. Pas très rassurés. Puis une dauphine jaune avec un conducteur nerveux. Il tourne à gauche et ma portière droite s'ouvre. Je l'ai tenue fermée jusqu'à ce qu'il nous dépose. Enfin un charmant monsieur célibataire qui nous emmène jusqu'à Auxerre. Il avait réservé une chambre dans un hôtel dit de charme. Il nous propose de le suivre. Il y a une chambre de libre. Il nous invite à dîner, c'est sympathique, mais le coût de la chambre a bien entamé notre budget. Après le repas nous montons nous coucher. A peine entrés, il y a une forte pétarade devant la fenêtre que j'ouvre pour voir ce dont il s'agit. Superbe, magnifique, nous avons droit à un très beau feu d'artifice. Là juste devant nous. Quelle chance. Cela nous promet un beau voyage de noces. Après le petit déjeuner très copieux, ce qui nous évitera le déjeuner, le monsieur nous dépose à la sortie sud d'Auxerre. Reprise du stop, direction Beaune,Chalon-sur-Saône, Puis Lyon. Nous dormons après un petit casse croûte dans un petit hôtel type F1, près de l'autoroute. Le décollage nous paraît long. Enfin un couple de jeunes mariés nous charge avec nos bagages. Direction Marseille. Nous avons le temps de discuter un bon moment, C'est très agréable. Ils nous déposerons à la gare. Nous arrivons en début d'après midi, nous pouvons reprendre le stop.