aux châteaux de la Loire

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      En 1970, nous décidons de fonder une famille et très vite Jacqueline attend un bébé, nous sommes très heureux .Hélas, elle le perdra avant le troisième mois. Elle sera suivie en seine et marne par un médecin spécialiste, sans qu'il y ait de problème particulier. Nous attendrons toutefois le feu vert pour recommencer. Ce sera en janvier 1971. Il lui prescrira des hormones pour faciliter la nidification. Ce sera du Clomid, sans explications particulières. Nous apprendrons plus tard que ce produit est utilisé pour lutter contre la stérilité. Le jour idéal est fixé et nous ferons l'amour, matin, midi et soir pendant trois jours. Cela était loin d'être déplaisant.

          Jacqueline est à nouveau enceinte et sa grossesse se passe bien. Pas de problème en vue. Les visites chez le médecin se font normalement. A l'époque il n'y a que la radiographie pour vérifier que le bébé est normal et elle ne peut intervenir qu'à six mois et demi. Ce sera fait le moment voulu. L'échographie n'existe pas, il faudra l'inventer. Début août, Jacqueline ira passer la radio avec l'épouse de son père, tandis que moi je profite du beau temps et je vais à la pêche au bord de la marne. En fin d'après midi je rentre et dépose mes affaires dans la cave puis je monte chez nous. Je retrouve dans la salle à manger mon beau père, son épouse, Jacqueline et ses frères ils sont tous en pleurs. Je crains d'emblée un gros problème pour le bébé. Je les embrasse les uns après les autres et je prends Jacqueline dans mes bras. Elle a de gros sanglots, j'ai du mal à la réconforter. Je demande de suite: qu'es-ce qui ce passe? trisomie 21?, malformations? à chaque fois la réponse est non. Je suis très inquiet, je demande, il y en a deux? réponse non. Il y en à trois? réponse oui. Donc des triplés ou trumeaux. Un peu bravache, je dis: comme ça il seront fait en même temps. Pas besoin de recommencer et je travaillerais un peu plus. j'ai passé le reste du temps à essayer de remonter le moral à tout le monde. En fait, après avoir passé sa radio, Jacqueline est retournée dans la salle d'attente s'asseoir à côté de sa belle mère en attendant les résultats et le médecin. L'opératrice en radiologie lui à remis l'enveloppe contenant la radio et les commentaires. Pressée de savoir, elle a lu: triple grossesse sans anomalies apparentes. Puis elle a regardé la radio. Elle a vu trois têtes et trois colonnes vertébrales, de nombreuses mains et de nombreux pieds. Comment peut-on agir de la sorte et que ce ne soit pas le médecin qui la prépare. C'est un immense choc et je comprend sa détresse.

          La grossesse se poursuit et nous sommes toujours très inquiets. Deux semaine plus tard, nous sommes à sept mois, Jacqueline a des contractions. C'est beaucoup trot tôt. J'appelle aussitôt notre médecin, un ambulancier, ainsi que le médecin qui la suivait en seine-et-marne. Je lui explique que Jacqueline n'ira pas accoucher chez lui, j'en profite pour lui dire ce que je pense d'une grossesse sous  clomifène. Il me répond que trois enfants c'est mieux que rien et qu'on aurait pu grâce a lui en avoir jusque neuf avec sa méthode. Il rajoute qu'il est un peu le papa de nos enfants. Jacqueline a été cobaye d'un nouveau traitement sans que l'on soit informé des risques. Je décide d'appeler Port Royal à Paris car ils sont spécialisés dans les prématurés. En effet, si l'accouchement s'était déroulé à la clinique de ce médecin véreux, Il aurait fallu transporter les bébés par hélicoptère vers un hôpital spécialisé et je risquai de les perdre. Au téléphone Port royal me dit que ce n'est pas possible, que Jacqueline n'y est pas suivie et qu'il n'y a pas de place. Je leur répond que cela m'est égal, que ce sont des triplés prématurés, que je n'ai pas d'autre choix, que nous arrivons et je raccroche.

          Notre médecin trouve que c'est une sage décision, et nous partons en ambulance pour Paris. Arrivée à l'hôpital, Jacqueline est aussitôt examinée. Le col se dilate déjà et c'est trop tôt. Ils vont lui administrer un retardateur pour que l'accouchement ne soit pas maintenant. Le médecin qui l'a examiné m'explique qu’ils vont essayer de retarder au maximum l'accouchement, que pour l'instant ce sont de petites sardines et qu'il faut que les bébés prennent du poids. Puis il me dit de rentrer chez moi que cela ne sert a rien d'attendre, que ce ne sera pas maintenant, et qu'ils me préviendront s'il y avait quelque chose. J'embrasse donc affectueusement Jacqueline, lui fait un câlin pour la rassurer et je rentre chez moi.

          Je travaille tous les matins et vais la voir tous les après midi avec mon frère Alain qui est restaurateur. Elle subit de nombreux examens ou chacun donne son avis. J'ai l'impression qu'ils examinent du bétail. Cela m'attriste mais il est vrai que les jeunes médecins doivent aussi apprendre. Cinq, six jours se sont passés, et j'ai l'impression qu'elle fatigue et qu'elle souffre de plus en plus. Je rencontre le médecin qui la suit et lui donne mon avis. Je crois qu'il ne faut plus attendre, je n'ai pas envie de perdre la femme de ma vie et lui demande s'il ne peuvent pas lui faire une césarienne, puisque le col de l'utérus avec les retardateurs a cessé de se dilater. Je ne suis mas médecin, c'est du bon sens. Il est d'accord, me demande de partir et de revenir après quatorze heure. Nous allons donc, mon frère et moi, prendre un casse croûte et un café.

          A deux heures et demie, après avoir joué au flipper,  nous retournons à Port royal. Dès l'entrée dans le hall, j’entends une infirmière qui crie à ses collègues: Les triplés sont la. J'ai mon cœur  qui bat a toute vitesse, ce sont mes bébés. Je suis très fier. Reçu par le médecin qui a procédé à l'accouchement, Il m'informe que la césarienne s'est bien passé, que bien sur Jacqueline est fatiguée et que pour les bébés, il est trop tôt pour se prononcer. Il me dit toutefois que j'ai deux filles et un garçon. C'est génial pour moi. Les bébés sont placés en couveuse au quatrième étage. Je ne verrais ce jour la, ni Jacqueline qui a besoin de récupérer ni mes enfants. Sur le chemin du retours j'étais à la fois heureux et inquiet.