• Jacqueline en Bulgarie suite

    Suite et fin de Jacqueline en Bulgarie

    suivi du texte à la mémoire de mon épouse

    Jacqueline en Bulgarie suite

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    Après la naissance de mon petit frère, de cinq ans mon cadet, je suis revenu en région parisienne puisque mes parents avaient obtenu une HLM en banlieue est de Paris. Trois chambres en rez de chaussée, l’appartement  m’apparaissait très grand. En face il y avait un petit square avec une pièce d’eau. J’y ai passé de très bons moments à jouer avec mes nouveaux camarades. Attraper des insectes dans les fusains, jouer au tennis avec des raquettes en bois etc. Nous n’étions pas très bien habillés, les vêtements étaient récupérés dans la famille ou étaient offerts par les services sociaux de la ville. Je me souviens que la moitié des enfants avaient le même pull en hiver. Tout cela n’avait pas d’importance. Il n’y avait pas de course aux marques comme aujourd’hui.

     

              Mon père travaillait en deux huit. Soit le matin, soit en soirée, je ne le rencontrais pas souvent sauf le week-end et maman rentrait en fin d’après midi de son travail dans les cantines de la caisse des écoles. Le principal loisir de mon père était la pêche à la ligne et j’étais heureux lorsqu’il m’emmenait  avec lui, dans les étangs de la somme. Pour que je ne sois pas désœuvré, maman m’avait inscrit aux louveteaux. J’étais fier de porter un bel uniforme comme les autres. Nous étions ainsi occupés les samedis et dimanches, avec les retraites, les messes et les jeux dans la cour du presbytère.

     

              Les jeux de bérets, conduits par les scouts dégénéraient souvent en chahut, en bagarres amicales où les mains cherchaient à entrer sous les shorts pour toucher les fesses, ou faire des chatouilles. Cela nous faisait beaucoup rire.

    Plus tard lorsque j’étais en vacances en Alsace avec ma cousine et ma petite voisine pour laquelle j’avais un petit faible. Nos jeux, dans la cour, dans une cabane que nous avions construite, ou les cache caches dans le hangar nous amenaient souvent a nous déshabiller pour nous découvrir mutuellement. C’étaient des jeux bien innocents. Nous n’y voyions aucun mal. Qui n’a pas joué au docteur.

     

              Je me souviens aussi des colonies de vacances, a la campagne, avec les marches de découvertes dans la nature, les ateliers de création ou nous avons fait des moules en plâtre d’empreintes d’animaux. Des concours du plus beau cerf volant. C’est à ce moment que j’ai découvert sous d’autres formes le bricolage et le dessin. Ces colonies de vacances ont été les meilleurs moments de mon enfance. Lorsque j’avais dix ans, une petite sœur est née. Je n’ai jamais eu de vrais rapports de jeux avec mon frère et mes sœurs si ce n’est avec l’aînée pendant mon adolescence.

     

              Ma scolarité a été quelconque. J’étais un élève moyen en raison des multiples changements d’école. En 6eme, maman m’a emmené passer des tests auprès d’un conseiller d’orientation. Il parait que j’étais doué manuellement et que donc je deviendrais un manuel. Il y avait deux ans à attendre pour entrer en première année de cap. J’ai donc fait une année dite de transition sur Paris, puis une année de dessin industriel au Raincy. Nous venions de déménager de Noisy-le-Sec à Gagny dans le 93, mon père ayant eu l’opportunité de construire un pavillon de 5 pièces en castor. C’est à dire que seul le gros œuvre est livré, après qu’il ait creusé un immense trou (avec mon aide pour pousser les brouettes) afin que l’entreprise fasse les fondations. Le reste de la construction est faite avec l’aide des voisins, chacun donnant aux autres une partie de son temps libre. Nous avons fait nous-mêmes les parpaings de la construction. Nous avons tous les deux papa et moi, fait le déménagement de Noisy-le-Sec a Gagny, en mettant les meubles sur une charrette à bagages de la SNCF et en les amenant à pieds en une dizaine de voyages sur quelques jours. Il fallait un sacré courage. Je ne savais pas que ce projet existait au moment ou j’ai passé les tests d’orientation, mais j’ai compris de ce fait pourquoi je me suis retrouvé au Raincy dans un collège à préparer un cap de chaudronnier. C’était la commune limitrophe et je n’aurais de ce fait pas beaucoup de transport. Je regrette de n’avoir pas pu faire d’autres études.

     

              J’ai passé mon adolescence à fuir la maison. Maman était comme toujours adorable, mais mon père de plus en plus dur. Je ne crois pas les avoir entendus une seule fois nous dire qu’ils nous aimaient. Il était manœuvre à la SNCF (accrocheur de wagons) c'est-à-dire qu’il courrait après un wagon qui roulait, pour soulever un crochet permettant d’accrocher ce wagon au wagon précédent dans une gare de triage. Ce métier était super dangereux et il risquait sa vie à chaque fois. Il retrouvait donc régulièrement ses collègues après le travail au bistrot et rentrait très éméché à la maison. Je suis donc entré aux scouts de France avec les copains du collège. Cela m’a pas mal occupé et m’a permis de camper souvent. A 14 ans j’avais fait un peu de théâtre et joué ma première pièce (Les gueux au paradis) dans une salle de spectacle paroissiale. Cela m’a donné envie de prendre des cours de théâtre que j’ai pris avec ma sœur aînée dans un foyer pour jeune travailleurs. C’était aussi une manière d’éviter mon père. D’ailleurs, s’il était rentré avant nous, il fermait la porte à clef pour nous interdire l’entrée. J’escaladais alors la façade du pavillon, j’entrais par la fenêtre du deuxième étage et je descendais ensuite ouvrir à ma sœur. Pour ne pas faire de bruit, l’escalier grinçait, nous marchions sur les plinthes en nous tenant de chaque côté avec les mains sur les murs. Ce n’était pas facile. Je crois qu’il n’a jamais su comment nous entrions. Il y a aussi eu des ratés et j’ai du dormir plusieurs fois sur le paillasson sous l’escalier. Je pense que mon père était un peu jaloux des libertés que nous avons prises. Il n’avait pas eu de jeunesse.                

     Pendant cette période, j’ai aussi travaillé. J’ai fait les marchés une fois par semaine, et je travaillais l’été pour des entreprises du bâtiment ce qui me procurait l’argent de poche que je n’avais pas à la maison. J'ai pu m'acheter une mobylette, qui m'a beaucoup facilité mes déplacements. Mon père en a acheté une aussi, mais le modèle supérieur. Des mobymatics bleues. Je suis allé par hasard à la maison des jeunes de Gagny, ou j’ai pratiqué des activités intéressantes. Peinture, sculpture, parachutisme et j’y ai rencontré de nouveaux amis. J’ai participé à un anniversaire des taxis de la marne et j’ai rencontré à cette occasion une ravissante jeune fille, blonde aux yeux bleus, dont je suis tombé amoureux. Elle me plaisait énormément. Je la respectais, je la tenais pas la main, nous échangions des baisers. Mais nous n’avons pas été plus loin, elle n’était pas prête malgré mes envies pressantes.

     

        

     

              J’ai été appelé sous les drapeaux comme on dit. Heureusement pour moi, la guerre d’Algérie était terminée, et je suis donc parti au Sénégal comme parachutiste d’infanterie de marine pour deux ans (bi cause parachutiste civil). Je me suis retrouvé avec des individus bruts de décoffrage dont certains avaient fait de la prison. Nous sommes devenus commandos après un stage de close combat et un stage de patfinger.  Le patfinger saute le premier et ne tire pas sur les suspentes de son parachute jusqu’au sol pour permettre au pilote de l’avion de calculer l’angle de la descente et ainsi  larguer comme il faut les autres parachutistes de l’avion. Je me suis retrouvé quelques fois dans des positions inconfortables. Accroché en haut des arbres en Casamance, j’ai aussi traversé le toit d’une case d’ou je suis parti en courant en laissant mon parachute. J’ai atterri aussi sur un troupeau de moutons qui n’entendaient pas mes appels. Nous avons rencontré aussi des pannes de moteurs ( un en panne l’autre en feu) et avons été largués en mer.  Nous étions en alerte permanente pour pouvoir intervenir sur n’importe quel territoire africain. J'étais radio de section et transportais une radio lourde sur le dos avec sa batterie de rechange. Nous n’avons pas eu de permission pendant tout ce temps. Nous sommes intervenus en Guinée Portugaise et 24 copains de mon avion ont été abattus en pleine descente par les rebelles. Nous somme rentrés à 4 au camp. Cela m’a beaucoup marqué. J’avais fait le coup de poing avec certains pour me faire respecter, et j’avais fait des lettres pour d’autres à l’attention des parents ou d’une petite amie. Moins de la moitié d’entre eux avaient une connaissance de l’écrit. Moi-même j’ai écrit et envoyé quelques poèmes. Après cette intervention, on nous à laissé un peu tranquilles. Je me suis occupé des enfants des officiers et sous-officiers que j’emmenais camper en brousse. Pendant la durée de mon service militaire je n’ai reçu qu’un tout petit mandat de 50 francs que maman m’avait envoyé en douce.

     

              Fin du service militaire. Nous avons bénéficié d’un retour anticipé au bout de 21 mois avec une permission libérable de 30 jours.

     

              Je suis rentré à Gagny. En tenue de sortie, avec tous mes badges, c’est très fier que je sonne à la porte du pavillon de mes parents. Mon père ouvre, et me demande ce que je veux. Je lui réponds que je rentre à la maison, mon service militaire étant terminé. Il me dit que je n’ai plus rien à y faire. Il me laisse toutefois entrer mais me donne huit jours pour trouver une solution et partir. De colère, j’ai jeté ma valise au sol dans le sous sol de la maison, ce qui a cassé une bouteille de Madère que je leur apportais après avoir fait escale sur cette île. Tout mon linge était taché et donc à laver.

     

         

              Je partirais donc.

     

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  • Commentaires

    5
    Vendredi 1er Mai 2020 à 11:35

    Et bien, je lis le déroulement de ta vie avec intérêt. Jamais je n'aurais pensé que tu avais eu une vie si dure avec des parents si stricts ! Quel périple ton service militaire en Afrique !

    Bon 1er mai Jacques ! Je pense bien à toi !

    Bisous amicaux !

    4
    Marie-France
    Mardi 28 Avril 2020 à 14:17

    Bonjour

    A notre époque le père était tres dur avec les enfants surtout quand ils étaient grands. J'attend la suite car c'est tres intéressant. Je vous souhaite une bonne soirée.

    3
    Mardi 28 Avril 2020 à 12:45

    la vie est comme un filme certains ne savent pas bien la raconter comme c'est si bien décrit ici :)

    la belle Bulgarie :)

    2
    Mardi 28 Avril 2020 à 12:15

    Top la Bulgarie,

    Tes parents étaient très strictes, moi c'était ma mère la plus "exigeante",

    papa et moi c'était l'osmose total, malheureusement, je n'avais que 23 ans

    lorsqu'il est décédé à 47 ans ...

    Quel gâchis , je suis fille unique et il était fou de mon Stéphane, 22  mois 

    lors de son décès ... Brrr

    Bonne journée Jacques, le soleil est revenu après deux jours de pluie,

    chouette, le confinement est plus simple avec une balade dans le grand parc qui m'entoure .

    Amicalement,

    Christiane

    1
    Mardi 28 Avril 2020 à 10:28

    ça avait l'air top la bulgarie , les femmes sont jolies là bas !

    je n'y suis jamais allée !!

    tu m'as fait sourire pour le truc de jouer au docteur, oui je crois que nous avons tous fait ça dans nos cabane , tente que nous faisions dans les jardins, à l'aide de cartons, plaids, etendoirs à linge !!! lol..

    hé bien ton père n'était pas facile dis voir, surtout après le service militaire

    bonjour l'accueil.. mes parents etaient stricts avec moi mais pas à ce point...

    on regrette tous de ne pas avoir fait d'études , moi j'ai commencé à bosser à 16 ans ..

    si j'avais su j'aurai continué mes etudes, mais bon, c'est ainsi, et  après tout je me dis que je me suis bien débrouillée pour avoir fait le peu d'études que j'ai fait !!!

    toi aussi d'ailleurs..

    l'important c'est de bien vivre et heureux... et d'avoir eu une belle vie avec une personne que l'on aime c'est la plus belle des richesses.

    je tembrasse jacques, bonne journée flo.

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